Page 23 - Invention Magazine 201 - Concours Lépine
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Malgré ce terrible traumatisme, elle suit des études de Victime de la Seconde Guerre mondiale, Simone
sciences politiques et rencontre Antoine Veil, l’homme Veil croit en la réconciliation, en l’union des pays,
qui deviendra son mari. Trois garçons naissent de cette en la création de l’Europe. Elle participe activement
union et malgré les coutumes de l’époque, Simone Veil à la construction de ce projet politique d’envergure.
continue ses études pour exercer un métier qui fera En 1979, elle devient la première femme Présidente du
d’elle une femme indépendante. Elle doit même se Parlement Européen.
battre contre son mari pour que ses ambitions soient
acceptées au sein de son foyer. En 2008, elle est élue à l’Académie Française. Une
épée d’académicienne lui est offerte, elle comporte
En 1956, elle passe le concours de la magistrature. les gravures de son numéro de matricule au camp
Affectée à la direction pénitentiaire, elle découvre d’Auschwitz-Birkenau, ainsi que les devises françaises
l’envers du décor dans les prisons françaises et se bat et européennes.
pour les droits des personnes incarcérées.
Les années 70 marquent un tournant dans l’investis-
sement politique de Simone Veil. Les femmes sont
dans la rue pour demander la reconnaissance de leurs
droits. La revendication principale est celle du droit
à l’avortement, le droit de disposer librement de son
corps. Outre le fait que l’avortement est illégal à cette
époque, les rares médecins qui le pratiquent malgré
la loi sont durement sanctionnés, ce qui laisse place à
de nombreux avortements clandestins. C’est dans ce
contexte qu’en 1974, Simone Veil devient Ministre de
la Santé et qu’elle propose son texte de loi pour dépé-
naliser l’avortement.
Cette proposition n’est évidemment pas accueillie de
manière bienveillante dans l’Assemblée. Mais elle dé-
fend son texte jusqu’au bout, vivement soutenue par
le mouvement féministe de l’époque. En 1975, la loi
Veil est adoptée, l’avortement est dépénalisé. Depuis
lors, les femmes françaises peuvent librement décider
d’interrompre leur grossesse pour les raisons qui leurs
sont propres.
Ainsi l’a rappelé Simone Veil
« Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur
à l’avortement. (...) C’est toujours un drame
et cela restera toujours un drame. »
Discours de présentation du projet de loi sur l’avortement à l’Assemblée
Nationale prononcé le 26 novembre 1974, version dactylographiée,
Arch. nat., 688AP/441.
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