Page 29 - Invention Magazine 201 - Concours Lépine
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“À travers ces vingt pièces, j’espère apporter
au public de la joie, du rire et une certaine poésie
surréaliste que nous affectionnons en Belgique.”
Philippe Geluck
La statue On en a plein le dos met en scène Le Parleur est la première statue parlante au monde. On y voit
le Chat, un genou à terre, qui porte tant bien le Chat avec deux grosses bulles parlantes, elles aussi coulées en
que mal une sphère sur son dos. Cette sphère bronze. On peut lire dans ces bulles « Rodin a choisi la facilité avec
est une métaphore du monde, du globe son penseur, Geluck met la barre plus haut avec son parleur ».
terrestre et une référence à la mythologie
grecque. Le Chat en a plein le dos de porter Philippe Geluck traite également de sujets moins légers avec une
l’absurdité humaine à bout de bras et s’in- volonté de dénoncer des faits importants. C’est le cas de la statue
quiète de l’avenir de la planète. La sphère, Juste retour des choses, qui aborde le problème des animaux vic-
portée par le Chat, est pleine de bouteilles times de la route. La statue monumentale du Chat est représentée
en plastique compressées, une volonté de au-dessus d’une voiture toute cabossée, le Chat a vraisemblable-
l’auteur de dénoncer la pollution massive des ment écrasé la voiture. Un juste retour des choses quand on pense
océans. aux multiples chats victimes de collision avec une voiture.
Avec Deux poids deux mesures, ce sont les Enfin, en hommage à ses confrères dessinateurs et journalistes as-
apparences qui sont remises en question, car sassinés, Philippe Geluck a réalisé Le Martyre du Chat. Le Chat y
elles sont souvent trompeuses. La statue re- est représenté presque nu, les mains liées dans le dos, et le corps
présente Le Chat, en train de se balancer face transpercé par des crayons de couleur. Sur chacun des crayons, est
à une souris. Une seule question, qui sera le posé un ou deux oiseaux. Cette sculpture est d’abord un hom-
plus lourd, le Chat ou la souris ? mage, mais aussi un moyen de réaffirmer l’importance de la liber-
té d’expression, partout dans le monde, et un appel à la paix.
La confection de ces statues monumentales commence par un cro-
quis dessiné par Philippe Geluck. La sculpture est ensuite réalisée
en fils de fer pour lui permettre de se projeter et « d’évaluer ses
lignes de force et d’équilibre ». Puis, la statue est modelée à la
main par l’auteur avec de la pâte à modeler. Une équipe exté-
rieure prend le relai pour la réalisation du squelette en acier, qui
sera l’ossature de la sculpture. La cinquième étape est celle du mo-
delage autour du squelette en acier. Ce sont plusieurs dizaines de
kilos de terre glaise qui seront utilisés pour modeler le Chat de la
tête aux pieds. Geluck se fait aider d’une équipe pour les finitions.
Lorsque la structure en terre est terminée jusqu’aux derniers dé-
tails, commence l’opération de moulage. Le modèle est recou-
vert de plusieurs couches de silicone liquide, pour obtenir un
moule. C’est à partir de ce moule que sera réalisé le modèle de
référence de la structure. Une société externe va ensuite réaliser
un prototype monumental en 3D en prenant le modèle de réfé-
rence comme base. Le Chat monumental fait maintenant sa taille
finale, soit 2 mètres de hauteur. À ce stade, il est en polystyrène. La
texture de la sculpture est ensuite travaillée, avant que ne soient
réalisés les moules en cire. C’est là encore, un travail minutieux car
la statue est moulée en plusieurs parties, qui seront ensuite assem-
blées pour vérifier que chacune d’elle s’emboîte correctement. Le
Chat “complet” est découpé en plusieurs morceaux, qui seront re-
couverts de plâtre puis placés dans un four à 600°C pendant deux
à trois semaines.
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