Page 38 - Invention Magazine 197 - Concours Lépine
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En janvier 1957, grâce à l’initiative de Pierre Restany,   Après cette exposition, l’œuvre monochrome de Klein
         Klein expose à Milan. Il y présente alors, onze tableaux   est enfin reconnue. Il le constate d’ailleurs lors d’une
         monochromes qui sont des toiles de même format et    conférence à la Sorbonne, deux ans plus tard - « Chacune
         de même couleur, toutes entièrement bleues. A l’étage,   de  ces  propositions  monochromes  bleues,  toutes  sem-
         quelques privilégiés ont l’occasion de contempler les   blables en apparence, sont reconnues par le public, bien
         surfaces et blocs de sensibilité picturale, qui sont en fait   différentes les unes des autres. L’amateur passe de l’une
         des zones « de vide ». L’artiste a souhaité, avec celles-ci,   à l’autre comme il convient, et pénètre dans un état de
         éveiller la sensibilité de l’esprit du public.       contemplation instantanée dans le monde du bleu. »



         International Klein Blue (IKB)


         Nul ne peut échapper à la fascination de l’artiste pour la couleur bleue. Il en dit d’ailleurs :

         « Le bleu n’a pas de dimension, il est hors dimension, tandis que toutes les autres couleurs elles, en ont. »
         Dès l’instant où Yves Klein se focalise sur le bleu dans la réalisation de ses tableaux monochromes, il cherche à le
         parfaire, à le libérer et à le magnifier. Il a cherché à figer le bleu, dans sa forme la plus pure. À l’issue de plusieurs
         procédés, il trouve enfin « son bleu ».

         En 1960, Yves Klein donne officiellement son nom à une couleur et dépose l’International Blue Klein (IKB) à l’Institut
         National de la Propriété Industrielle. En réalité, il dépose la recette pour aboutir à ce bleu, le médium fixatif avec
         lequel il mélange le bleu et qui le rend si intense et pur. Plus tard, il appliquera ce mélange à d’autres couleurs et
         c’est cette même recette qui rend les tableaux de Klein si riches en couleur et en pigmentation.










                                                                 L’exposition, dite du vide


                                                                 En 1958, une autre exposition est organisée par
                                                                 l’artiste, connue sous le nom d’Exposition du  vide.
                                                                 Les cartons d’invitation pour le vernissage de cette
                                                                 exposition sont rédigés par Pierre Restany et l’enve-
                                                                 loppe qui les entoure est affranchie par un timbre
                                                                 bleu. Klein a expressément demandé que le tampon
                                                                 d’affranchissement  ne  soit  pas  apposé  sur  le  timbre
                                                                 mais sur l’enveloppe, pour ne pas dénaturer le bleu
                                                                 du timbre. Pour l’anecdote, le vernissage aura lieu le
                                                                 jour du trentième anniversaire de l’artiste.

                                                                 Cette exposition, dite du vide, a lieu à Paris, dans la
                                                                 galerie Iris Clert. Le bleu Klein est présent seulement
                                                                 à l’extérieur, à l’intérieur les murs sont entièrement
                                                                 peints en blanc.

                                                                 En réalité, l’essence même de l’exposition est d’être
                                                                 « vide en apparence », la mise en scène des murs
                                                                 blancs en fait donc partie intégrante.
  Yves Klein, Peinture de Feu Couleur sans titre (FC 17), 1962
  Pigment pur et résine synthétique sur carton brûlé, 106 x 94 cm
  Louisiana Museum of Modern Art, Humlebæk, Danemark.
  Long-term loan: Museumsfonden af 7. december 1966
  © Succession Yves Klein c/o ADAGP, Paris, 2020
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