Page 29 - Invention Magazine 198 - Concours Lépine

Cette critique forte n’est que partiellement justifiée.
Pour réaliser ces artifices, il est nécessaire d’étudier dif-
férents modes de fabrication et s’en dégage des solu-
tions qui profitent à l’ensemble de la société. À partir
d’une aventure et dans un contexte de concurrence, ces
réalisations débordantes de complexités modernisent
les façons d’être, de penser et d’agir en bouleversant le
champ des possibles.

La conquête spatiale a été le catalyseur d’une
surprenante quantité de nouvelles technolo- Le président John F. Kennedy, à droite, reçoit une explication sur le système de lancement
gies. L’actualité de ces inventions demeure to- de Saturne V du Dr Wernher von Braun, au centre, au cap Canaveral en novembre 1963.
L’administrateur adjoint de la NASA, Robert Seamans, est à la gauche de von Braun. Le 12
tale avec le GPS présent dans nos voitures ou nos septembre 1962, Kennedy a fait un discours à l’Université de Rice pour expliquer pourquoi
téléphones, la couverture de survie, les textiles les États-Unis devraient aller sur la Lune avec le programme Apollo, une initiative qu’il avait
ignifugés, les airbags, les satellites de télépho- lancée l’année précédente. « Nous avons choisi d’aller sur la Lune au cours de cette décennie
et d’accomplir d’autres choses encore », a déclaré Kennedy, « non pas parce qu’elles sont
nie, le téflon, les couches culottes et même les faciles, mais parce qu’elles sont difficiles.» © NASA
manettes de jeux vidéo. Les inventions se mani-
festent lors de défis techniques et finissent dans
nos hypermarchés.
Faire évoluer
Le principal responsable du programme des fu- le monde
sées soviétiques est Sergueï Korolev. Le régime
lui donne pour mission la construction du missile La capacité de l’exploration spatiale à apporter des
tactique le plus puissant jamais conçu. avantages significatifs à l’humanité a été reconnue par
des représentants gouvernementaux de haut niveau du
Sa motivation personnelle est différente. Ko- monde entier lorsqu’ils se sont réunis à Lucques, en Ita-
rolev souhaite que l’humanité découvre l’espace. lie, en novembre 2011. Ils ont conclu que l’exploration
En 1957, la fusée R7 Semiorka est opérationnelle spatiale offre des opportunités sans précédent et d’ap-
et s’arroge le rôle de premier étendard de l’URSS porter des bénéfices à l’humanité sur Terre.
dans la conquête spatiale. Le 4 octobre 1957, elle
s’élève au-dessus de Baïkonour la base spatiale Cette rencontre a mis en valeur les bénéfices de l’ex-
soviétique avec à son bord, le tout premier satel- ploration spatiale. Cette conviction tient compte des
lite de l’histoire : Spoutnik 1. avancées techniques, mais aussi des découvertes futures
et pense la résolution des défis mondiaux dans l’espace
Pour les dirigeants de Moscou, l’ampleur de et sur Terre. Les technologies innovantes, la création de
cette réussite n’a pas grand intérêt sur le mo- partenariats mondiaux en partageant des objectifs am-
ment. Ce lancement était destiné initialement à bitieux et pacifiques, l’inspiration de la société et la pos-
tester la fusée. Paradoxe ou issue logique, per- sibilité d’une expansion économique s’imposent comme
sonne n’avait anticipé de telles répercussions sur la vision future de la conquête spatiale.
la scène internationale. Elles sont immenses. Les
américains sont assombris, aux yeux du monde
ils ne sont plus la première puissance technolo-
gique. Le 3 novembre, les soviétiques satellisent
une chienne nommée Laïka. C’est le premier ani-
mal vivant envoyé dans l’espace.

Le 12 avril 1961, Youri Gagarine devient le pre-
mier homme à effectuer un vol dans l’espace,
mais ce seront les États-Unis qui remporteront
la course finale, avec deux américains marchant
sur la Lune le 21 juillet 1969 : Neil Armstrong et
Buzz Aldrin. Sur le fil, le programme américain a
permis de rompre avec les visions d’un bloc sovié-
tique surpuissant.

Le samedi 30 mai 2020, une fusée Falcon 9 transportant le vaisseau spatial
Crew Dragon de la société SpaceX a été lancée dans le cadre de la mission
SpaceX Demo-2 de la NASA vers la Station spatiale internationale (ISS). © NASA